Wickaninnish

La météo était anormalement au beau fixe, bien que nous n’allions certainement pas nous en plaindre. La sécheresse commençait à avoir son effet sur la Colombie Britannique, mais pour nous, le ciel était bleu, la température autour de 20, et nous en profitions au maximum.

Nous avons passé la journée à marcher sur la partie Sud de la fameuse Long Beach, qui s’appelle Wickaninnish, et c’était absolument splendide. La Chouette Blanche fut très émue à la vue du majestueux océan Pacifique dans toute sa magnificence, puis passa rapidement à un état de joie exubérante pour tout le reste de l’après-midi, gambadant sur la plage et se roulant dans le sable autant que moi.

Nous avons marché, marché, marché pendant des kilomètres. Il y avait un maximum de 10 personnes sur la plage entière. La Chouette Blanche interrogea longuement un kite-surfer perplexe qui pagayait joyeusement dans les vagues.

Sur cette côte, le sable est gris doux, non pas doré comme de notre côté de l’Atlantique.

Il y a aussi de nombreux troncs d’arbres blanchis par la mer gisant le long du rivage, présentant une forte ressemblance à des membres et moignons de géants. Ou peut-être seulement leur ossements ?

Ça pourrait être un cimetière de géants des profondeurs, rejeté sur les côtes !

J’ai pris beaucoup de photos. Des photos de la lumière dans l’océan, des troncs d’arbres, de l’herbe, de tout. Ceci dit, je me contrôlais encore, et aurait été capable d’arrêter à tout moment !

ARRÊTEZ MOI QUELQU’UN!!!

Nous étions nus-pied, et nous avons essayé de marcher à la fin des vagues, là où elles ne font que lécher vos chevilles. Chez nous, dans notre Atlantique, c’est la façon la plus délicieuse de marcher sur la plage au soleil.

Mais surprise, le Pacifique est froid. Mais, froid !! Très froid ! Franchement, gobelins-qui-mordent-vos-chevilles froid ! Finalement, nous avons été obligée d’éviter carrément les vagues.

Ni la Chouette Blanche ni moi-même ne sommes de bons nageurs. Nous ne sommes certainement pas du gibier d’eau ! Nous avons donc couru une fois ou deux dans l’océan pour voir si c’était moins froid plus loin, et sommes retourné vite fait sur le sable sec à cause des morsures de gobelins, et de quelques méduses dont nous n’étions pas sûres.

Un couple de pygargues à tête blanche planait silencieusement au-dessus de nous, tour à tour se rapprochant des vagues et retournant vers les arbres derrière la côte, facilement identifiables par leur tête blanche et leur vol majestueux, sans jamais battre une aile.

“Regarde, me dit la Chouette Blanche, le petit bateau là, proche de la côte !

-On dirait un bateau d’observation des baleines, dis-je”

Nous l’observons avec attention. Et ça ne manque pas, après quelques minutes, proche du bateau, nous voyons s’élever le spray caractéristique d’un mammifère marin.

Et nous sommes restées assises ici, nous avons regardé la baleine respirer, suivie par le petit bateau, avec les pygargues tournant doucement loin au-dessus de nos têtes, et cher lecteur, nous étions très très heureuses, et nous sentions extrêmement chanceuses.