Ce matin-là, après la première montée, je ne me sentais pas très bien. Coup de froid ? Yaourt étrange ? Je ne sais pas, mais Mathilde a gagné ma reconnaissance éternelle en me tenant compagnie et en – comble du comble – me donnant son dernier Spasfon…
Après le Spasfon, ça allait mieux, et j’ai retrouvé en partie mon pas bondissant quand nous sommes entrés dans la vallée spectaculaire de Landmannalaugar.
C’est aussi la journée ou j’ai découvert l’option Panoramique de mon appareil photo ! Fabuleux.
Tout de suite, nous avons remarqué que c’est extrêmement touristique : après 3 jours de solitude absolue (si on ne compte pas les moutons) nous avons croisé 4 ou 5 personnes ! Et aux sources chaudes aménagées, une vingtaine ! Une foule !! Et oui, cela m’a permis d’apprendre que mes tendances agoraphobes seraient exacerbées par une vie d’ermite, rien de bien surprenant quand on y pense. En tout cas, j’étais un peu perturbée : j’avais visiblement commencé à envisager l’Islande comme notre île particulière.
Mais avant les sources (n’anticipons pas!), la vallée…
Les différentes couleurs sont dues à des histoires de températures très élevées, et d’éléments chimiques plus ou moins présents au refroidissement, et des choses qui se passent, je ne suis pas sûre, il y avait des jolis cailloux par terre, de toutes les couleurs, et ce n’est pas facile de se concentrer dans ces conditions. J’ai quand même écrit dans mes notes (sûrement pour avoir une chance de briller en soirée) qu’on appelait ça des Montagnes Ryolithiques, pour ceux que ça intéresse.
J’avoue, à voir les photos, on dirait un peintre de mauvais goût qui s’est trompé de palette, mais ce n’est pas retouché, promis !
L’écorce terrestre à cet endroit est très fine. Yoan nous a montré des chaudrons, c’est drôle, ça sent l’œuf, et on ressent une curieuse fascination doublée d’une certaine envie de toucher pour voir si c’est chaud. Une très mauvaise idée bien sûr. C’est fantasmagorique, ça fume, ça sent le soufre, et ça fait du bruit !
Mathilde et moi étions en train de méticuleusement trier tous les cailloux de la vallée pour en sélectionner une dizaine, quand Yoan nous a signalé que si on voulait profiter des sources, il fallait y aller maintenant, et il a fallu se dépêcher et marcher au pas de course.
Du coup on a traversé le champ d’obsidienne rapidement, dommage c’était tellement beau ! « Champ » n’est pas approprié du tout, l’obsidienne ça ne pousse pas, c’est noir, ça brille, c’est une roche volcanique, et il ne faut pas en ramasser sinon il n’y en aura plus en Islande. Une chance, sinon Mathilde et moi serions encore en Islande à ramasser des cailloux…
La source naturelle était donc trop peuplée à mon goût, mais c’est quand même agréable de paresser dans l’eau chaude…
C’était la dernière journée de Mathilde. Au retour au camp, elle nous laissait et continuait son voyage… On s’enverra des mails, et qui sait, on se reverra, à un bout du monde ou un autre ! Mais j’ai réalisé : déjà ma dernière soirée….
Allons Chouette me dis-je, reprend toi ! Ça veut dire que tu as encore toute une merveilleuse journée devant toi demain ! Et en plus, c’est un grand soir, les guides s’affairent plus encore que d’habitude : c’est le soir du gigot. Et quel gigot !! Je mange beaucoup trop, et passe le reste de la soirée à recueillir les histoires fascinantes des guides.
Histoire de Guillaume : Le Oula Oula.
Dans un lointain pays, sur une côte rude et sauvage, battue par l’océan et les vents rugissants, niche un oiseau majestueux à l’envergure royale qu’on appelle le Oula Oula.
Le Oula Oula n’est pas un favori de l’évolution. Pour se reproduire suffisamment et assurer la survie de l’espèce dans ce climat difficile, le mâle a développé des testicules imposantes, qui certes, participant pour un tiers de son poids, alourdissent un peu son vol et sa silhouette, mais lui permettent de diffuser généreusement ses gênes et dont la taille impressionnante attire le regard concupiscent des femelles.
Malheureusement, par un tragique coup du sort, les pattes du mâle ne se sont pas ajustées à ses colossales gonades, et quand, ayant passé des heures à pêcher en plein vol, il revient au nid… eh bien en atterrissant il dit :
Oula !! Oula !!!
Hum oui, c’est la seule anecdote que j’ai pensé digne de figurer dans mes notes.
Cette histoire a d’ailleurs entrainé chez moi de nombreux questionnement sur le système reproductif des oiseaux, et je vous invite à consulter la page wikipédia à ce sujet. Le Oula Oula doit souffrir considérablement en période de reproduction si ses testicules augmentent de 200 à 460 fois!!!
Pas d’aurore boréale ce soir, mais un grand ciel étoilé…