Être un Viking

Voici enfin le jour où j’ai prouvé ma valeur en tant que fière viking !

Vu dans une vitrine de Reykjavik

Non, je n’avais pas planifié ma sortie équestre dans le seul but de pouvoir raconter que j’avais rencontré un bel islandais, et montrer une photo du cheval à mes amis pour voir l’espoir disparaître de leurs yeux, mais j’avoue que c’était dans mes pensées !
J’avoue cependant avoir passé quelques mois à aborder les gens inopinément en disant : tu veux voir une photo ou je mène un beau brun par la bride?

La réalité était moins glamour, et beaucoup plus humide.

Vous notez que j’ai l’air d’une chouette-bibendum : oui, j’ai sur moi tous les manteaux, vestes, pull, sous-vestes, pantalons, sous-pantalons que j’ai apporté en Islande, et que j’ai acheté sur place. J’ai posé une bombe sur le tout comme une cerise sur un gros sundae frileux.

Le cheval s’appelait Bjoff, d’après ce que j’ai compris (orthographe aléatoire). L’Islandais est une race de cheval très robuste, et plutôt petite, mais surtout ne les appelez pas poneys si vous ne voulez pas qu’ils montent sur leurs grands chevaux (désolée, c’était trop tentant…). Surtout qu’ils sont les descendants directs des chevaux des Vikings!

Bjoff, de toute évidence, était déjà sorti, était blasé, et n’avait pas particulièrement envie de ressortir. Il a d’ailleurs ralenti en sortant de l’étable, j’imagine pour se préparer psychologiquement, mais il a moins ralenti que moi, parce que – autant le dire tout de suite – le temps était abominable.
Ceci dit, après cette hésitation, Bjoff a fait la route tranquillement, sans émotion, et beaucoup plus à l’aise que moi. Quand les rafales étaient trop fortes, Bjoff se mettait en diagonale et continuait placidement son chemin, broutant une petite feuille à l’occasion, tandis que je m’accrochais à la selle pour ne pas m’envoler.
Le paysage était certainement spectaculaire, je ne pourrais pas vous dire, ce n’était pas vraiment possible de lever la tête, pour cause de vent et pluie. Bjoff n’a même pas accéléré en voyant l’étable, clairement pour lui c’était un jour comme un autre, tandis que sur son dos, je me transformais progressivement en un vieux torchon dégoulinant.

Chouette, me suis-je dit une fois à l’abri, en essorant mes gants, et en tentant de décoller mes vêtements trempés de ma peau pour les essorer aussi un peu, Chouette, tu es vraiment une petite nature, à grelotter comme ça pour une petite pluie. Puis la, une fille du groupe s’est mis à sangloter tout fort, et je me suis dit que finalement je l’avais mérité, mon diplôme de Viking.


Un an plus tard, il est toujours humide

Note : c’est ce jour-là que j’ai découvert la magie du chauffe-serviette.

Ce soir là, de la fenêtre de mon hôtel:


Extrait de mon journal :
“Si tout le trek est comme ça, je vais peut-être trouver ça difficile ! Mais j’ai survécu, et le cheval aussi.”

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